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Le "Palmarès" des lycées

Tous les éducateurs en Angleterre connaissent trop bien le fléau des "league tables", ces classements d'écoles, accompagnés d'un taux de "valeur ajoutée", qui sont censés aider les parents à sélectionner un établissement scolaire. Quand on les avait inventés il y a quelques années on ne savait pas à quel point ils allaient influencer les directeurs d'établissement dans le choix de cours proposés aux élèves. En Angleterre on a trouvé toutes sortes d'astuces pour donner l'impression qu'une école produit un score favorable. Solution classique: pousser les élèves vers les matières plus faciles, les incitant par exemple à étudier l'informatique et le commerce au lieu des langues vivantes ou l'histoire-géo. Le jeu est bien connu, ce qui a amené le ministre de l'éducation Mr Gove à revaloriser les langues, les sciences et l'histoire-géo en créant un nouveau palmarès basé sur le nombre d'élèves qui réussissent dans ces matières au niveau GCSE. Déjà on constate une ruée vers les langues pour faire bonne impression dans le classement.

Eh bien, en France ces palmarès commencent à inquiéter certains commentateurs. Les Français feraient bien d'analyser ce qui s'est passé outre Manche. Il s'agit de la "loi des conséquences imprévues".

Voici ce que Philippe Watrelot en dit. Je trouve son analyse juste.

http://philippe-watrelot.blogspot.com/2011_03_01_archive.html
En voici un extrait:

"Pour la dix-huitième année consécutive, le ministère de l'Education nationale publie les indicateurs de résultats des lycées . L'étude fournit trois données principales: le taux de réussite au bac, le taux d'accès des élèves de seconde et de première au baccalauréat et la proportion de bacheliers parmi les élèves quittant le lycée. Les taux de réussite et d’accès de chaque lycée doivent être comparés à des taux « attendus » qui tiennent compte des caractéristiques sociodémographiques et scolaires des élèves qui le fréquentent. Ceci permet de dégager la « valeur ajoutée » du lycée et d’offrir une approche relative de son efficacité. Dans plusieurs journaux on prend la peine de détailler comment est calculé chaque indicateur.
Pour quel usage ? Cette évaluation des établissements scolaires peut être utilisée dans une logique de concurrence et de démantèlement de la carte scolaire. Le terme de “Palmarès” utilisé par plusieurs journaux est à cet égard révélateur. ON insiste d’ailleurs sur le fait que ce classement doit permettre le choix des parents. Plutôt que de considérer ces critères de “performance” comme une forme d’évaluation du travail des équipes.
Au final, et malgré les intentions louables des concepteurs de ces indicateurs, on est obligé de constater que dans notre pays obsédé par la sélection et le classement, leur usage est perverti. Et on en vient à se demander s’il ne faudrait pas cesser de les utiliser et s’interroger sérieusement sur d’autres modes de pilotage et d’évaluation des établissements. Ce que souligne aussi le Café Pédagogique en posant la question : N'est-il pas temps d'étudier les effets de la publication de ces indicateurs sur le système éducatif ?
Ce débat n’est pas neuf et se repose chaque année au moment de la publication des indicateurs. Il y a dans ce sujet un aspect de “marronnier” selon le jargon de la presse. La preuve, cette chronique est un quasi-copié-collé de la revue de presse du 8 avril 2009 et de celle du 14 avril 2010 !"

Et voici le dernier palmarès des lycées basé sur les chiffres de 2010 avec une belle carte interactive qui montre les départements et les régions où les élèves ont le taux de réussite le plus élevé:

http://www.leparisien.fr/societe/carte-interactive-le-palmares-des-lycees-2011-30-03-2011-1385363.php

Je ne suis pas contre l'idée de fournir au public toutes les informations dont ils ont besoin, mais les chiffres devraient être accompagnés d'un message d'avertissement expliquant les divers facteurs qui entrent en jeu lorsque on publie des résultats et des taux de valeur ajoutée. Je sais très bien de mon expérience professionnelle qu'on ne peut pas du tout se fier à la valeur ajoutée.

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